mardi 2 janvier 2024

Avec qui travailler ? (Rapport Recherche, Nouvel An 2024)

 Une année de plus en tant que chercheur indépendant en philosophie (trois ans maintenant). Ceci est l’épisode 2 de mon rapport annuel sur mes travaux de recherche, qui concernent la philosophie comme manière de vivre, la phénoménologie, la polarisation affective en politique, et les sciences humaines pour le milieu médical. Dans ce rapport, j’éclaircis notamment la différence entre ce blog francophone, et mon nouveau blog, anglophone : Philosophical Exercises .

L’an dernier, je faisais le point sur la situation de ce blog ( c.f "Qui est-ce que j'imite ? À qui est-ce que je m'adresse ?"). Pour résumer : des progrès dans mes travaux de recherche qui n’aboutissent néanmoins pas à la publication de nouveaux articles pour le blog. J’expliquais cela par le fait que j’éprouvais des difficultés à trouver le bon format et le bon public (réel ou imaginé) pour me motiver à écrire des articles. Le thème de l’année dernière était donc à quel point cela était difficile et lent de trouver les gens qui font ce qui m’intéressent, et qui me motivent à m’exprimer. J’essayais de faire la paix avec cette lenteur, sans baisser les bras.

Le thème de cette année est très similaire. Je veux parler de ce travail collaboratif que je découvre petit à petit, et qui arrive lentement.

Lentement mais sûrement ? Ce n’est pas sûr. Dans l’épisode précédent, je disais que Twitter avait été indispensable pour prendre contact avec d’autres chercheurs, pour trouver mes collègues. Depuis, Elon Musk a détruit Twitter. Cela représente une véritable perte pour la communauté philosophique. Helen de Cruz l’a bien montré en rassemblant les témoignages des philosophes qui subissent cette perte. Parmi eux, il y a mon témoignage, que je vous traduis ici :

« En tant que philosophe et chercheur qui se trouve en marge du monde universitaire, en raison du fait que je n’ai pas suivi la voie traditionnelle du doctorat, et aussi parce que mes parents ne sont pas allés à l’université, Twitter était pour moi absolument vital en tant que fenêtre sur le monde de la philosophie académique. À un moment crucial où j’avais besoin de « trouver mes collègues » pour savoir si je pouvais continuer à me concentrer sur la philosophie, Twitter m’a permis de m’organiser avec d’autres universitaires d’une manière que mon profil atypique ne m’aurait pas permis autrement. Il est difficile de sous-estimer l'importance de cela pour ma réflexion philosophique : sans ces conversations, je n'aurais eu aucun moyen de *réfléchir ensemble*, aucun feedback, aucun moyen d’être déconcerté de façon productive par le fait de parler à un *collègue* et de pourtant avoir du mal à me faire comprendre. »

Étant donné cette situation, je pense que ce n’est pas exagéré de dire que si Elon Musk avait détruit Twitter plus tôt qu’il ne l’a fait, par exemple en plein milieu de ma période de doute, avant que je ne trouve mes collègues, lorsque je me demandais encore pourquoi je « n’arrivais à rien » avec ma recherche, cela aurait pu gâcher ma vie. Endommager le tissu social comme il l’a fait (même si c’est sur internet) c’est faire du mal principalement à ceux qui ont moins de points de repères que d’autres pour explorer les possibles et trouver ce dont ils ont besoin pour réussir. Le fait de trouver sa communauté est tout sauf simple : c’est très hasardeux.

(Je suis donc maintenant sur Blue Sky où j’essaye, avec d’autres, de reconstruire cette communauté )

Bref. Réfléchir ensemble, travailler ensemble, cela m’enchante de plus en plus. Je ne l’aurais jamais imaginé avant. J’ai par exemple un projet en cours avec des collègues : Stuck on the Puzzle . Le projet consiste à interviewer des gens qui ont des Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOCs). À utiliser des outils philosophiques pour mettre en avant leur expérience vécue, au-delà des préjugés naïfs ou même scientifiques et théoriques. Ces interviews seront postées sur internet sous forme de podcast. Par ailleurs, ce travail consistera aussi pour moi à utiliser ces interviews pour créer un exercice philosophique (ou "exercice spirituel") qui serait approprié pour quelqu’un qui a des TOCs. Je suis très enthousiaste vis-à-vis de ce projet.

Mais vous l’avez peut-être remarqué avec ces liens : cette communauté qui m’inspire est anglophone. Cela me motive à écrire de la philosophie en anglais, et par conséquent, cela crée une certaine difficulté pour ce blog que vous lisez, qui est francophone (dur de transitionner en anglais avec un titre comme « Le Miroir Tranquille »). 

C’est la raison pour laquelle je me suis mis à écrire pour mon nouveau blog : Philosophical Exercises. Là bas, j’ai écrit un article d’introduction où j’explique comment les exercices philosophiques peuvent améliorer nos vies et un autre article qui explique pourquoi les tentatives récentes de faire méditer les élèves à l’école sont vouées à l’échec. Ces articles me tiennent beaucoup à cœur car ils sont ce que j’essayais de faire depuis longtemps : concrétiser mon modèle conceptuel du phénomène de  « l’exercice spirituel », ou de ce que j’ai pu appeler la « technique médicale philosophique ». C’est aussi sur ce blog que j’ai l’intention de publier bientôt, en anglais, l’article qui présente « L’approche confiante » : l’exercice philosophique que j’ai inventé pour vivre en pleine conscience les désaccords en politique. Encore un autre article qui me tient vraiment à cœur et qui n’a pu se concrétiser que très récemment !

Étant donné la situation actuelle, il est très probable que je continue à être davantage productif en anglais, et donc à écrire pour cet autre blog. Peut-être que je pourrais traduire en français mes propres articles et les publier ici, mais je doute que ce soit jamais ma priorité, en l’absence de communauté francophone qui m’inspire. Je me dis que je devrais peut-être utiliser « Le Miroir Tranquille » comme « journal intime » de recherche philosophique, où je parle du quotidien de chercheur (au moins tous les ans). Je vois en quoi cet exercice peut bénéficier de textes écrits dans sa langue maternelle. Je vais peut-être écrire ici aussi des articles qui portent sur des situations propres à la France. Mais sinon, j’ai été plus chanceux en anglais, pour le meilleur et pour le pire.

Pour finir, je mentionne rapidement mes articles universitaires, pour ceux qui suivent cette saga:

J’ai écrit un article sur la méditation de pleine conscience confrontée à la phénoménologie levinassienne pour un livre sur la pleine conscience et la phénoménologie : The Routledge Handbook of Phenomenology and Mindfulness. J’ai aussi écrit un article sur la phénoménologie des chocs émotionnels et de la polarisation politique pour la revue Culture & Values.

On verra ce que l’avenir nous réserve !

- Pierrick Simon

02/01/2024

Mail : lemiroirtranquille@outlook.fr (n'hésitez pas)

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lundi 23 janvier 2023

Qui est-ce que j'imite ? À qui est-ce que je m'adresse ? (Rapport Recherche, Nouvel An 2023)

Cet article est la réflexion d'un philosophe après ses deux premières années en tant que chercheur indépendant. Vous pouvez le lire sans avoir lu l'épisode précédent. Mais pour ceux qui suivent le fil, il s’agit d’une continuation de l’article que j’ai écrit en 2021 sur les exercices spirituels et la priorisation de la sagesse dans mon travail de recherche. Je vais en effet décrire l'état de mon travail philosophique en cours, en me référant à ce que j'en attendais à l'époque.

1) Des nouvelles du blog

    Le nouvel an 2023 me donne envie de réfléchir à l’état de mon activité philosophique. J’ai aussi envie de donner des nouvelles pour ce blog, où j’ai annoncé des projets qui se sont compliqués en route, et qui ne se sont pas concrétisés comme je le pensais. À leur annonce, j’avais promis de vous tenir au courant si je changeais d’avis sur quoi que ce soit, et il y a en effet beaucoup de choses que je n’avais pas en vue à l’époque et que je peux maintenant décrire. Le fait est que je n’ai quasiment rien publié, non seulement de ce que j’avais annoncé en avril 2021, mais en général sur ce blog. Je n’ai presque rien partagé ici.

Le projet philosophique que j’avais annoncé a démarré lentement, mais a bien démarré. J'ai seulement changé d'avis sur la forme que devrait prendre ma production. 

Pour rappel, voici comment j’avais formulé mes priorités en tant que chercheur à l’époque :

1)                 Effectuer un travail de vulgarisation, de veille, et d’élaboration conceptuelle au sujet des « exercices spirituels ». Ces pratiques invisibles dont on use pour s’influencer soi-même dans le sens d’une vie meilleure. (Par exemple, la méditation de pleine conscience.)

2)                 Effectuer un même type de travail au sujet des « désaccords » et « malentendus » entre personnes. En particulier, dans le contexte d’une démocratie, et dans le cas de notre rapport à internet (qui est très jeune et mérite une réflexion philosophique).

3)                 Faire le travail mentionné dans les points 1) et 2) en suivant une méthode que l’on peut qualifier de féministe

Ces formulations mettent en évidence que je pensais être prêt à être un vulgarisateur du travail philosophique. Je pensais que j’allais faire de la « curation » et commenter ce que je présentais. J'avais mis en place des outils pour surveiller Internet à l'affût de choses intéressantes : agrégateurs de flux d'actualités, alertes Google Scholar, alertes e-mail, abonnement à des newsletters thématiques, etc. Je pensais que beaucoup de choses intéressantes allaient tomber dans mes filets et que je pourrais écrire des articles de blog et des threads twitter à leur sujet. 

(Je viens de jeter un long coup d'oeil sur mon twitter, et cela m'a fait me rendre compte que j'ai écrit plus de threads que dans mon souvenir. Je pourrais peut-être les mettre en valeur à l'avenir. La raison pour laquelle mon souvenir minimise toute écriture twitter est peut-être qu'elle ne m'est jamais venue facilement, au contraire de ce à quoi je m'attendais, et que par ailleurs, le format et le forum ne me satisfaisaient pas.)

2) Le problème : À qui est-ce que je m'adresse ?

   Le problème c’est que.. soit je n’étais pas inspiré par ce que je trouvais, soit je trouvais cela effectivement intéressant, mais alors cela ne se prêtait pas vraiment à l’exercice de la réaction à chaud. En partie, ce manque d’inspiration, et ce manque de réactivité, sont dus à mes propres capacités, préférences, et références. 

    J’ai par exemple remarqué chez moi un gain d’inspiration pour la vulgarisation seulement si je peux me référer à une rencontre récente que j’ai eue avec quelqu’un qui ne connaît pas grand-chose à mon sujet préféré : je peux alors m’imaginer lui répondre et me dire que ce que j’ai à dire est utile. L’un des seuls articles que j’ai publiés sur le blog pour le moment concerne la question de l’adoption de la méditation de pleine conscience à l’école : il était très facile pour moi d’imaginer quel serait le public d’un tel article étant donné que j’avais parlé à une journaliste de ce sujet peu de temps avant. L’autre article que j’ai publié, "apologie de l'adversaire politique", coïncidait avec l’élection présidentielle en France, et j’espérais parler à ceux qui traversaient ces évènements avec moi. Cependant, pendant un long moment, je n’avais pas beaucoup de contextes de discussion tels que ceux-ci qui m’inspiraient des réponses (je crois que cela a changé récemment).

      Il m’est difficile de rencontrer - et de me laisser captiver par - les bons contextes d’inspiration. J’en ai quand même trouvé quelques uns sur lesquels je pense pouvoir compter à l’avenir.  Je pense à certaines communautés universitaires que j’ai réussi à trouver pendant ce temps que je n’écrivais pas pour le blog.

Quelques unes:

-    PhenoLab, un laboratoire théorique concernant la phénoménologie et la santé mentale.

- La communauté de chercheurs s'intéressant à la psychopathologie phénoménologique, que vous pouvez découvrir ici et .

- PhenomenoMind, qui s'intéresse à la phénoménologie de la pleine conscience

- Le club de lecture EPiPHENY qui étudie des textes phénoménologiques

- Le groupe de recherche "Art of Living", en particulier les conférenciers qui ont présentés des analyses de Michel Foucault et Pierre Hadot

- Le laboratoire philosophique sur les émotions : Emotion and Society )

        Je ne sais pas comment j’aurais pu les trouver plus tôt : il m’a fallu jouer avec twitter pendant un long moment avant qu’il y ait une percée, et que soudainement je découvre le jeu des conférences et des publications universitaires (les appels à contributions, etc). Je savais que ce genre de choses existait, mais je n’étais pas versé dans ces pratiques. C'est seulement par cette initiation que j'ai réussi à trouver mes collègues. J’ai longtemps cherché avant de trouver « my people » : la philosophie de la pleine conscience, la philosophie de la médecine, la philo des émotions, la philo herméneutique. J’ai plusieurs projets d’écriture qui aboutiront peut-être à quelque chose avec eux. C’est cela qui est devenu ma priorité au lieu du blog.

3) Des nouvelles concernant mes recherches

    -    Ai-je changé d'avis sur mon orientation "Altruisme Efficace" ?

       Je pose la question, mais en fait je ne vais pas revenir aujourd’hui sur le cadre que j’ai adopté en 2021 pour penser à mes priorités : le cadre utilitariste, inspiré du mouvement "altruisme efficace" (ENG: Effective altruism). Ce n’est pas que je n’ai rien à dire là-dessus, mais je le réserve pour une autre fois. Je vais donc donner la parole à des ressources que j'ai trouvées sur la question, mais sans commenter à quel point je suis d'accord ou non avec elles. Un autre blog affilié à l’altruisme efficace, Cold Takes, a produit des articles très intéressants (le genre d'articles qui me fait dire "Oh j'aurais aimé avoir écrit celui-là mais je suis content de ne pas avoir eu a le faire") sur ces sujets. En particulier sur:

1)      - la question des problèmes épineux (Mon problème concernant l’extension et l’intention de ma recherche sur la sagesse est un tel problème épineux.)

2)       - sur la question des enquêtes à confiance minimale (Ma plongée critique dans la littérature scientifique concernant la méditation de pleine conscience correspond à ce modèle.)

3)       - et même sur la question des vices utiles lorsqu'on fait face à des problèmes épineux.

 -          Où en suis-je par rapport à ma recherche sur les « exercices spirituels » ?

 J’avais toujours dans l’idée d’élaborer mon propre concept concernant ce phénomène, ma propre description. J’ai trouvé un nom à ce concept, celui de « technique médicale philosophique ». Ce nom rend explicite le lien que je fais entre ce sujet et la philosophie de la médecine. Je suis sur le point d’écrire un article qui détaille cette conception. J’écris cet article dans le cadre d’un effort collectif de plusieurs philosophes qui appellent à l’avancée de la « psychopathologie phénoménologique ». La psychopathologe étant l’étude des troubles mentaux et la phénoménologie étant une méthode de description des lois nécessaires de la conscience.

J’ai aussi eu l’occasion de lire une thèse très intéressante qui détaille la philosophie de terrain qu’il est possible d’effectuer dans le cadre d’interventions cliniques qui font usages des exercices spirituels. Il s'agit de la thèse de Mareike Helena Smolka, "Ethics in Action" (soutenance de thèse en vidéo: ici sur youtube). Cela m’aide à concevoir où je me situe, en tant que philosophe qui essaie de trouver un rôle utile à sa recherche, et ne veut pas se lancer dans une érudition infinie qui n’aiderait pas grand monde à part moi-même. Je crois avoir longtemps rêvé de la possibilité d'un "philosophe de terrain" mais il est très très difficile de tomber sur quoi que ce soit de tel, et je suis très heureux d'avoir trouvé que quelqu'un avait la même idée que moi.

-              -    Qu’en est-il de mon projet de recherche portant sur les « désaccords » et « malentendus » ?

J’ai deux angles d’approche pour ce sujet là.

Le premier concerne la philosophie des émotions, et ce que j’appellerais la philosophie du « choc », qui porte sur le choquant, le rapport à l’alterité, et les traumatismes. L’un des rares articles que j’ai publiés pour le blog – Apologie de l’adversaire politique – donne un aperçu de ce que j’essaie d’accomplir par là. Je suis actuellement en train d’écrire un autre article qui détaille certaines de ces idées. Il s’agit d’une réponse à un article très intéressant de Katie Stockdale à propos des « chocs moraux ».

Le second angle concerne la phénoménologie herméneutique. Je viens de terminer de lire un chef d’œuvre, un très long livre, qui s’appelle Truth and Method de Gadamer, et qui, comme je m’en doutais, offre une conception de l’herméneutique (l’art de l’interprétation) qui manque cruellement à la société si l’on veut éviter la calomnie inutile des gens avec qui nous ne sommes pas d’accord. Cette conception, à mon avis, a le potentiel de diminuer la polarisation politique toxique. J'ai encore des lectures à faire à ce sujet: Overcoming Polarization in the Public Square (Barthold) et Legitimate Differences (Warnke).

Faisons une prédiction de ce que ma production pourrait être par rapport à ce sujet de recherche : …Je me demande si je ne pourrais pas croiser ces considérations avec mon intérêt pour la méditation de pleine conscience et proposer un protocole thérapeutique qui aurait pour but de réduire les chocs de désaccord et les malentendus inutiles. J’ai envie d’appeler cela « l’approche confiante ». Il s’agirait d’une méthode de pleine conscience appliquée à la discorde sociale. J’arrive à imaginer pas mal de points d’intérêt comme par exemple une réduction des passions tristes sur les réseaux sociaux, un soin contre le burn-out pour les militants engagés dans des débats houleux, une prise de conscience de la nécessité de la souveraineté quant à la consommation des médias, etc.

-              -    Où en est mon engagement féministe auquel je faisais allusions dans mon article de 2021 ?

Dire que ma philosophie suivait une « méthode » féministe était sans doute une façon maladroite de formuler la chose. Je crois maintenant que cette façon de dire devrait être réservée à des philosophies qui abordent des thématiques féministes. Ce qui n’est pas mon intention (quoique je n’y suis pas opposé non plus). Par là, j’entendais plutôt que je voulais agir avec fidélité à une prise de conscience féministe appliquée au milieu universitaire. Je peux donner quelques exemples, cela sera plus simple :

Après avoir écrit mon Mémoire sur la philosophie d’Emmanuel Levinas, je me suis rendu compte que ma bibliographie était composé de beaucoup d’hommes et de peu de femmes. Ce n’est pas quelque chose contre lequel on m’avait mis en garde lors de mes études, et ce n’est pas non plus quelque chose que les examinateurs de ma dissertation m'ont signalés. Je me suis intéressé au problème de la citation bibliographique des femmes philosophes et je me suis rendu compte qu’il y avait un problème de misogynie assez flagrant à cet égard. J’ai donc pris la résolution de réfléchir à ce problème et d’y remédier. J’ai eu l’occasion de me rattraper en ce qui concerne les études sur Emmanuel Levinas. En effet, j’ai écrit un article sur Levinas et la méditation de pleine conscience et l’une des demandes de l’éditeur était de créer un aperçu du domaine de recherche, ce qui passe par une compilation bibliographique. J’ai pu corriger mon erreur en remédiant à la médiocrité de la bibliographie que j’avais produite pour mon Master. Je partagerai peut-être les détails de tout cela plus tard.

Sinon, je fais partie d’un club de lecture qui lit et parle du livre « Feminist Philosophy of Mind ». Pour une philosophie féministe de l’esprit. Les articles de ce livre sont très inspirants et me permettent de repérer les biais misogynes que l’on peut trouver dans le genre de philosophie que j’aime pratiquer : la description de la structure de la conscience. 

Je n’envisage pas de produire quoi que ce soit concernant cet engagement féministe. Peut-être que je partagerai certaines idées ou certains travaux bibliographiques. Mais si vous avez des questions à propos de ce sujet, vous pouvez m’écrire à mon adresse email (c.f fin de l'article) et je vous répondrais avec plaisir.

-              4)    Qui est-ce que j’imite ?

En guise de conclusion, j’aimerais partager avec vous une question qui m’aide beaucoup à penser à tout cela : « Qui est-ce que j’imite ? ». Si j’avais ces prédictions par rapport à ma production philosophique… Si j’avais une idée de la fréquence et de la nature de mes articles (veille, curation, vulgarisation, thématiques précises…) Ce n’est pas parce que j’ai inventé toutes ces idées ex-nihilo. C’est plutôt parce qu’il y a des créateurs que j’admire et que je calquais mon idée de ce qu’il m’était possible et souhaitable de faire sur ce que je voyais de leur production. Cette question, donc me permet de faire le travail d’introspection qui fait la différence entre mes attentes et la réalité. Cette différence m’a causé beaucoup de désespoir et de frustration. J’étais très triste à l’idée que mon travail soit si « lent ». Maintenant que je regarde tout ça avec un peu plus de recul, je ne suis pas si certain que tout va mal.

-          Quel est le futur du projet « Le Miroir Tranquille » ?

La destinée de mes promesses de 2021 m’enseigne qu’il est difficile de prévoir quelle forme prendra mon travail de recherche. Il est difficile de s’engager à produire des articles de blog ou des épisodes de podcast régulièrement. Par contre, je trouve que l’exercice rétrospectif auquel je me livre là maintenant est très intéressant. J’ai très envie de renouveler cet exercice au prochain nouvel an. Si je peux, chaque année, décrire la différence entre ce à quoi je m’attendais et ce qui s’est réellement passé, ce blog sera déjà très intéressant. De manière plus générale, je crois que par le passé j’étais moins enclin à parler de mon processus de recherche (au lieu de parler de mes résultats de recherche) que maintenant. Cela est surement dû aux personnes que j’imitais inconsciemment, et qui, dans mon imagination, ne font que créer des produits bien finis et soignés, sans jamais laisser entrevoir aucune vulnérabilité, ou intimité du processus de création.

- Pierrick Simon

23/01/2023

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dimanche 24 avril 2022

Apologie de l’adversaire politique

 

Nous avons tendance à penser que notre adversaire politique est soit stupide, soit entêté, soit irrationnel, soit égoïste… soit un mélange de tout cela. C’est mal caractériser l’être humain, qui est éminemment intelligent et altruiste. Mais pour reconnaître cette nature humaine, il faut d’abord  comprendre pourquoi il est si tentant de caractériser notre adversaire de cette façon.

Agacés par notre adversaire politique, nous venons à croire qu’il est animé par une « arrière-pensée ». Par ce terme très général, nous pouvons désigner toute manière de penser qui déplace la motivation de quelqu’un hors du champ du raisonnable, malgré les apparences. Ainsi, l’individu motivé par une arrière-pensée semble participer à l’effort de raison (il entre en dialogue, déclare des idées) mais on soupçonne qu’il n’est pas principalement intéressé par la vérité ou la bonté, qui devraient normalement être le but prioritaire de cette participation. Cette arrière-pensée peut prendre plusieurs formes. Elle peut être une motivation qu’il dissimulerait, un attachement qu’il n’avoue pas, un vice de caractère comme l’orgueil ou l’avarice, ou bien encore un « biais cognitif ».

Même dans les cas où nous l’accusons d’avoir le cerveau vide de toute pensée, plutôt que d’avoir une arrière-pensée, nous ne sommes jamais loin de lui attribuer une motivation indépendante. Par exemple, la paresse, qui décide du peu d’effort dont il fera preuve dans sa participation à la réflexion. Ou encore, pour prendre un autre exemple, on se plaindra du fait que cette personne répète des préjugés, ou cède à des manipulations. Dans ce cas, on voit dans ces croyances décidées d’avance, l’arrière-pensée qui dicte la suite de la conversation. Le problème est toujours le même : malgré les apparences, il déroge à la raison, en raison d’une loyauté à autre chose.  

Comment en venons-nous à accuser la personne avec laquelle nous sommes en désaccord de la sorte? Au lieu de traiter cela comme une évidence, rappelons-nous comment on en vient à faire cela.

Toute accusation de cette sorte a sa racine dans une auto-accusation. En effet, un moraliste ne peut nous convaincre, par exemple, que l’orgueil motive secrètement toutes les actions humaines, que dans la mesure où il nous semble repérer un tel orgueil en nous-mêmes, qui nous motive de temps en temps. Le moraliste ne pourrait pas nous convaincre sans s’appuyer sur une certaine familiarité que nous avons avec « l’arrière-pensée », et cette familiarité, même si elle nous vient de l’observation de notre entourage, doit avoir commencé par une observation de nous-mêmes (sans quoi nous n’aurions pas soupçonné le vice dans votre entourage). Il en va de même du psychologue ou psychanalyste qui arrive à nous convaincre de l’existence-pensées, tels que les biais cognitifs ou les désirs inconscients. Mettons de côté la question de l’existence de ces choses pour nous focaliser sur la façon dont ces descriptions nous persuadent.

Nous repérons donc, en nous, ce que j’appelle une « arrière-pensée ». Il s’agit d’une motivation, mais qui a une position particulière dans notre esprit. Elle est décentrée, distincte de la motivation assumée. Nous en avons une conscience périphérique. Une demi-conscience.

Il y a plusieurs façons d’interpréter la position périphérique de cette « arrière-pensée ». Certains y verront le signe qu’elle n’a heureusement pas réussi à complètement envahir notre esprit. Peut-être qu’elle aspire à occuper la place centrale, mais qu’on parvient à la maintenir à sa place. Avec cette idée vient la crainte que chez d’autres personnes, elle a effectivement pris la place centrale. Par exemple, notre attrait pernicieux (et peut-être contraint) pour l’argent pourrait devenir une avarice débridée chez quelqu’un d’autre.

D’autres penseront peut-être que cette position de demi-conscience indique que l’arrière-pensée nous pilote depuis les profondeurs de notre inconscient. Dans ce cas, nous pouvons soupçonner que tout le genre humain est le jouet de l’arrière-pensée.

Dans les deux cas, il semble que nous ayons découvert un secret sur le fonctionnement de l’esprit humain. A la fois une explication subtile des mauvais comportements d’autrui, et une astuce pour améliorer notre façon de penser : il s’agit de ne pas céder à la tentation de cette arrière-pensée.

                Ce « secret » invite calomnie et complaisance. Deux tendances solidaires.

                En effet, pensant avoir identifié le mal, nous croyons devoir nous en sortir avec force. Cette calomnie s’accompagne donc souvent du désir de surpasser l’arrière-pensée médiocre vers plus de rigueur intellectuelle et morale. Cet effort est souvent un vœu pieu qui cache sa stérilité dans la complaisance de notions vides qui ne sont que la pure inversion des notions calomniés : ainsi la « rationalité » est simplement la « non-irrationalité », la « pensée critique » est souvent « non-émotivité », ou en tout cas « ouverture d’esprit », tandis que « l’altruisme » est « non-égoïsme ». Notre ego illusoire donne une fausse consistance à ces notions vides : nous nous sentons titillées dès qu’elles sont mentionnées, comme si ces « bonnes choses » n’attendaient que nous et notre liberté pour s’accomplir. Toute discussion à leur sujet est programmatique, remise à plus tard, « Il faut qu’on… ».

À partir de cette fausse discipline de la pensée, on en vient à se convaincre que l’on ne pense pas comme tout le monde.

Cette voie est empruntée d’autant plus facilement que l’auto-accusation qui a servi de point de départ est par ailleurs complètement stérile. Se croire soi-même mu par une arrière-pensée interférente ne mène à rien. On abandonne cette croyance dès qu’il s’agit de décider quoi que ce soit. Mais projeter cela sur l’adversaire ne rencontre pas le même obstacle. (C’est pourquoi le problème n’est pas réglé en calomniant tout le genre humain, soit même inclus. Au contraire, il est empiré.) Cette dernière considération nous mène, après avoir décrit le « comment », à parler du « pourquoi ». Pourquoi voulons-nous découvrir un tel secret ? Pourquoi cherchons-nous ici la clef qui explique le bon et mauvais raisonnement ?

C’est que nous répondons à un traumatisme. Un choc moral.

Face à ce que nous percevons comme une injustice (que ce soit un acte immoral ou l’expression par autrui d’une croyance qui mène à de tels actes), nous tentons parfois d’employer une sorte d’empathie-miroir sur l’auteur de l’injustice afin de le comprendre : notre esprit tente d’imiter sa pensée pour l’examiner en s’en faisant l’hôte. Cette tentative provoque un contrecoup douloureux. En effet, toute dissonance cognitive, toute contradiction dans notre esprit, cause de la souffrance. Or la croyance que l’on essaie de simuler entre en collision avec nos autres pensées. Ce contrecoup douloureux appelle à réparation et donne naissance à la curiosité.

Non seulement cette douleur nous rend curieux, mais elle dicte la condition de satisfaction de notre curiosité (toute comme une démangeaison est par nature une proposition de résolution de la démangeaison : « gratte-toi ainsi et tu seras soulagé ») : l’explication fournie doit prendre la forme d’une « théorie de l’esprit » différenciée. Après tout, il nous semble, à partir du contrecoup douloureux, qu’autrui ne pense pas comme nous… C’est là la nature du choc. C’est sur ce modèle que nous cherchons réparation. Et c’est cela qui fait que nous trouvons notre compte dans les explications dont l’attrait est de nous renvoyer à nos propres motivations périphériques.

Nous venons en effet de tenter de prendre la croyance d’autrui par le centre, et de l’élucider en pressant notre focalisation sur elle. Après un échec cuisant, il ne nous reste plus qu’à se raccrocher à des explications subsidiaires.

Mais cette voie n’est pas inévitable. Il n’a pas été prouvé que ce que l’on a précipitamment accusé d’être des vices de la pensée -  soient véritablement des défauts funestes. Pour le prouver, il faudrait décrire positivement la rationalité, pas négativement. C’est-à-dire qu’il faudrait le faire sans s’en remettre à de pures antithèses des notions calomniées. Toutefois, lorsqu’on tente de faire cela, on se rend compte que la façon de faire que l’on a dénigrée est, étonnamment, la bonne façon de faire. C’est cela que je voudrais désigner par le terme de « conceptualité calomnieuse ». Ce n’est pas juste que l’on a rejeté la vérité, c’est que, souvent, les descriptions positives des ratés de la pensée sont dépositaires de davantage de sagesse sur le fonctionnement normal de l’esprit que les descriptions censés exposer la bonne pensée.

Revenons à l’interprétation de la position périphérique de « l’arrière-pensée ». Au lieu de croire avoir décelé un secret, il s’agit de voir cette « pensée », non pas comme un vice, mais comme une heuristique adjuvante destinée à fonctionner de concert avec d’autres pensées. Une heuristique, c'est-à-dire une règle approximative qui participe à la découverte de la vérité. Et qui fonctionne en coopération avec d’autres heuristiques.

Si l’on prenait cette idée au sérieux, on obtiendrait une conception holiste du raisonnement, où différentes heuristiques sont décrites comme fonctionnant de concert. Elles sont faciles à dénigrer lorsqu’on les isole de leur contexte pour les calomnier, alors même qu’elles aident à penser. Elles incluent ce que l’on prend d’habitude pour des sophismes : les arguments ad hominem, les arguments d’autorité, etc.

Cela s’oppose à une pensée « diagnostic » de la rationalité, où il s’agit d’identifier le sophisme dans un raisonnement comme un médecin qui examine des symptômes dans les cas où il recherche un mal unique.

Arrivé à ce point, on s’inquiétera peut-être de ne plus avoir les repères nécessaires pour combattre les mauvaises idées. En effet, quelle normativité convoquer à partir de ce modèle qui ne recherche pas les sophismes ? Ne suppose-t-il pas que toute pensée se vaut ? Puis-je vraiment ne rien dire de tel de mon adversaire aux idées les plus dangereuses ? Toute pensée ne se vaut pas, certes. Mais il faut abandonner le genre de normativité caricaturale qui nous promet des raccourcis vers une résolution facile. Il n’est pas possible de s’élever et de surpasser l’argumentation concernant des débats particuliers en atteignant un niveau méta-argumentatif, à partir duquel une « métaphysique » d’autrui nous permettrait de décider quoi penser de lui une bonne fois pour toute.

Que dire de mon adversaire aux pensées très mauvaises ? Modérément, vous pouvez dire qu’il est « mal informé ». Mais ce n’est la signification de cette notion qui compte ici, mais la retenue elle-même. Il est possible de désamorcer le « Mais que dire de… ? », qui n’est qu’une démangeaison contingente, et qui n’est pas nécessaire au fait de combattre le mal. Rien d’autre ne change, il s’agit toujours d’argumenter contre l’adversaire, de multiples manières (pas seulement en étant attentif à la façon dont il se comprend lui-même). Il s’agit toujours de repérer les faiblesses de son raisonnement (logique formelle incluse). Toutefois, il ne faut jamais croire possible de s’élever au-dessus des débats pour avoir le dernier mot et satisfaire son trouble. On ne peut pas s’affranchir des conditions habituelles du dialogue avec autrui. C’est par l’immersion dans les débats particuliers et non par l’élévation vers une Grande Théorie de la Bêtise que l’on se rapproche de la meilleure façon de penser.

N’oublions pas ce qui est en jeu ici. À mon avis, il est très important de ne pas céder à la facilité de calomnier l’adversaire politique, ou le genre humain, de la façon décrite plus haut. En effet, on peut deviner trois conséquences très graves à ce genre de philosophie : le dégout, la dictature, et la violence.

                Les théories de l’esprit différenciées nous déconnectent de la façon dont autrui pense vraiment. Cela entraîne un cercle vicieux ou l’on multiplie les chocs en multipliant les déceptions, et vice-versa. En effet, cela nous conduit à produire des stratégies de communication mal adaptés. Ou bien d’abandonner le dialogue tout court. Par dégoût.

Bien vite, le dégoût pour les croyances de l’autre se transforme en mépris. Dans ces conditions, les dictateurs nous semblent très séduisants en ce qu’ils nous promettent d’être un berger pour le troupeau, là où rien d’autre que la force ne semble fonctionner pour diriger la foule stupide.

Enfin, le mépris se transforme en haine, si ce n’était pas déjà le cas. La frustration envers l’adversaire politique devient la violence à l’encontre d’un ennemi politique jugé intolérable.

Que faire pour éviter tout cela ?

Remarquons d’abord que philosophes et psychologues sont généralement ceux qui offrent au grand public des théories systématiques de la bêtise humaine. Je les invite à faire très attention aux conséquences de leurs actions. Il est remarquable que ces disciplines produisent régulièrement des explications de la sottise, que l’on fait passer pour contre-intuitives, alors même qu’elles caressent les intuitions communes dans le sens du poil et répondent à des griefs évidents. Du point de vue du grand public, il est important de faire attention à ce genre de discours.

Mais si je vous ai convaincu : comment changer les choses ? Pas en accusant l’adversaire politique de calomnier le genre humain. Au lieu de cela, observez votre vie mentale : reconnaissez le choc traumatique qui a lieu lorsque vous faites face à un désaccord, et reconnaissez la curiosité mal placée qui né de ce choc. Demandez-vous ceci : « Comment est-ce que je me sentirais si j’avais une explication définitive de la bêtise de ces gens ? » Si votre intuition vous souffle que vous vous sentiriez apaisé d’avoir une réponse à votre curiosité, ne faites pas confiance à cette intuition, et rendez-vous compte qu’elle vous guide dans une mauvaise direction. Ce n’est pas en grattant que cette démangeaison partira. Tout ce que l’on peut faire c’est continuer d’argumenter.

- Pierrick Simon

24/04/2022

Mail : lemiroirtranquille@outlook.fr (n'hésitez pas)

Podcast: https://soundcloud.com/user-930224367 

Twitter: @PhiloTranquille


mercredi 22 septembre 2021

Daily Life Mindfulness Prompt Sheet [ENGLISH] [Draft]

I created the following document as a tool to help those who have a difficult time using the insights of formal mindfulness meditation practice during their informal and messy daily lives. It is in draft state right now, so it is not perfect, but i hope it is at least interesting and useful to some. Good luck out there.

Pierrick Simon / lemiroirtranquille@outlook.fr / @PhiloTranquille sur Twitter / Le Miroir tranquille sur Soundcloud / 

22/09/2021

Daily Life Mindfulness Prompt Sheet

The point of this document is to encourage the use of Mindfulness in daily life, outside of formal practice. If you used Mindfulness today in the way described on the left, you can add a cross in a column on the right. Each column represents a day. The point is to fill as many squares as you can over a period of 14 consecutive days of daily mindfulness. There are several categories of prompts, which are explained each time.

--- Subjectivation --- (Subjectivation is the state of remembering that you are a thinking subject, not a prophetic mind in contact with a distant reality. With subjectivation, you realize that you have thinking patterns, which are liable to be criticized on two fronts: they might not be true and/or they might not be useful right now. Without subjectivation, you have little to no incentive to use your mindfulness training.)

I consulted this form for guidance and inspiration before the very end of the day, remembering that I am a thinking subject.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

While predicting something or interpreting a particular event, I reminded myself that the chances are very low that I am completely right in my assessment of the situation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

While following a particular train of thoughts, I asked myself if it was useful for me to entertain these thoughts right now, and I made a judgment call along those lines.  (it’s okay if the answer was “yes”)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

While I was in distress, I was able to recognize the “I am suffering” aspect of my state of mind, as opposed to the “I notice this objective scandal with precision” aspect. For example, being angry, I realized that I was being angry, and that I was engaged in the situation, (even if I was in the right).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

--- Awareness Primers --- (Awareness Primers are meant to invite you to continue your awareness training in daily life, outside of formal meditation. They kickstart the process of being mindful.)

I committed to doing an activity in a state of mindfulness (or at least starting it this way) and I followed through on this commitment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I used mindfulness to increase my appreciation of a certain experience. (for example eating food, or encountering art)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I moved to a destination (however close) while being mindful of the movements of my body. OR, I felt the weight of my body against the floor, chair, or bed.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I did a mindful pause in between two activities.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Once I realized I was lost in thoughts, I gently brought back my awareness to the present moment, and to a sensation anchor (such as the breath, for example, or sights,or sounds) .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

--- Relief from Suffering ---- (Understanding the connection between mindlessness and suffering is a big motivator for pursuing mindfulness practice. Therefore, compliance with the practice rides on actually using mindfulness to reduce suffering. However, proceed with caution.) WARNING: Do the following exercises with caution. Firstly, because the cost of becoming mindless while focusing on difficult experiences can be high. Secondly, because pain, suffering, and feelings of victimhood are not always safe to discard. Thirdly, because the jury is still out on potential contraindications.

When a difficult emotion arose, I focused on the sensations that are the phenomenal signature of this difficult emotion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

When I felt dangerously offended, I tried to find the ego at the center of my experience that could be the target of the dangerous offense, and I realized that there was no such ego.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Upon noticing myself rehearse and/or ruminate, I decided to focus my mind’s eyes on the troubling thoughts until they vanished from view.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

In pain, I suspended my interpretative framework of what the pain meant (if only for a moment).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

While being slightly shaken by irritating thoughts, I resolved to completely drop the thoughts.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Avec qui travailler ? (Rapport Recherche, Nouvel An 2024)

  Une année de plus en tant que chercheur indépendant en philosophie (trois ans maintenant). Ceci est l’épisode 2 de mon rapport annuel sur...