Mon travail de recherche philosophique continue. Comme tous les ans, j’écris un petit post pour faire le point sur mes progrès de l’année passée. Au programme : des nouvelles de ma recherche sur la philosophie comme manière de vivre, des nouvelles de ma recherche sur la méditation de pleine conscience appliquée aux désaccords politiques, et enfin quelques réflexions sur l’importance de ne pas s’auto-censurer sous prétexte que ses idées ne seraient pas assez nobles.
La philosophie comme manière de vivre : 1 mois = 1 exercice philosophique
Dans l’épisode précédent ("Avec qui travailler ? (Rapport Recherche, Nouvel An 2024"), j’expliquais que c’était mon blog anglais « Philosophical Exercises » qui m’inspirait davantage et qui recevait toute mon attention et mon travail, car la communauté philosophique que j’ai trouvée comme partenaire de dialogue sur internet est la communauté anglophone internationale. Cela n’a pas changé, et en fin de compte, j’ai beaucoup écrit pour cet autre blog en 2024. J’ai réussi à être prolifique parce que je me suis lancé un défi : pratiquer un nouvel exercice philosophique chaque mois et publier mon retour d’expérience sur le blog. Au cours de l’année, j’ai donc pratiqué le yoga, différents types de méditation, différents types de journaling, etc. et j’ai publié mes analyses et anecdotes sur le blog à chaque fois. Je suis très fier de tout ce travail et très content de la façon dont cela a fait progresser ma recherche concernant la philosophie comme manière de vivre.
Avant, je me sentais coincé. Je savais que je voulais parler d’exercices spirituels (ou « exercices philosophiques »), alors je me suis lancé le défi trop ambitieux de produire une théorie originale de l’exercice spirituel dans le même style que les meilleurs articles professionnels de philosophie que j’avais lu sur le sujet. J’ai même doublé l’ambition de ce projet en voulant montrer en quoi cette théorie originale pourrait être pertinente pour la philosophie de la médecine (en montrant en quoi un exercice spirituel était en fait une « technique médicale philosophique »). Peut-être que ce projet n’est pas voué à l’échec, mais dans mon cas cela a créé un blocage : cela me forçait à imiter les « chef d’œuvres » de certains collègues de philosophie, sans véritablement rendre hommage à ce qui faisait mon enthousiasme particulier pour les exercices philosophiques. Il y a eu un déclic seulement lorsque je me suis donné la permission d’exprimer ce que j’avais sur le cœur, et qui était en gros « Les exercices philosophiques c’est tellement cool ! Je ne m’en lasse pas ! ». Cela peut sembler tout bête, et trop bête pour avoir un quelconque intérêt, mais ce n’est pas le cas. Je me rends compte que lorsque j’ai un blocage c’est que je m’empêche de dire et d’explorer une vérité importante sous prétexte qu’elle semble trop « bête » pour avoir de l’importance. Je m’auto-censure parce que je me rends bien compte qu’un journal philosophique professionnel ne me laisserait pas dire les choses comme ça. Pourtant, il est crucial que j’ai la présence d’esprit d’explorer ces vérités toutes bêtes, plutôt que d’imiter la façon de parler des autres, en me disant que c’est ce qu’on attend de moi. Honorer cette vérité m’a permis de renouer avec mon enthousiasme pour les exercices spirituels (bien que je voulais écrire sur ce sujet, je n’en pratiquais plus qu’un, et encore, cela me lassait d’avance d’en parler dans le détail).
Cette année j’ai même pu pratiquer des exercices philosophiques que j’ai découverts en lisant le travail de mes collègues, et puis ensuite leur envoyer un e-mail pour leur dire que j’avais pratiqué ce qu’ils décrivaient en théorie! Il faut souligner que c’est une occurrence assez rare dans le domaine, alors même qu’on parle souvent de l’importance de la pratique ! À la fois moi et les collègues en question étaient très heureux de ces échanges, et cela m’a confirmé que j’étais vraiment sur la bonne voie.
L’approche confiante : ou la méditation de pleine conscience appliquée aux désaccords politiques
Dans mon rapport de l’an dernier, je disais avec enthousiasme que j’étais sur le point de publier un post d’introduction sur « ‘L’approche confiante’: l’exercice philosophique que j’ai inventé pour vivre en pleine conscience les désaccords en politique. » Mais depuis lors, c’est un peu comme si j’avais publié trois articles d’introduction sur le sujet, si l’on compte le petit guide illustré « comment vivre la discorde sociale » que j’ai publié sur BlueSky. Et même davantage si on compte les articles où j’essaie de rassembler les idées fondamentales de l’approche confiante, comme par exemple : « Que dois-je faire lorsque je suis choqué par la politique ? » ou « Mon adversaire politique est-il irrationnel ? Non, il ne l’est pas. »
Donc pourquoi tous ces articles ? C’est un processus de raffinement et principalement de simplification. À chaque fois, mon objectif était d’écrire une introduction basique pour les débutants, mais à chaque fois lorsque je revenais à cette introduction quelques mois plus tard je me rendais compte que j’avais laissé dedans des développements qui ne sont pas strictement nécessaires, et qui rendent même la chose confuse pour le lecteur. J’ai donc bon espoir d’arriver petit à petit à écrire une bonne introduction (surtout maintenant que j’ai trois essais auxquels emprunter des idées) mais encore et toujours : les choses prennent plus de temps que je ne l’avais anticipé, car elles ne sont pas si faciles que ça.
En partie, la difficulté du travail vient encore une fois de l’auto-censure : au fond, je sais ce que je veux dire, mais je dois traverser cette difficulté émotionnelle qui consiste à ne pas avoir confiance en ses propres termes, et à préférer imiter ce qu’on croit que les gens veulent entendre. Mais malheureusement, ce n’est pas la seule difficulté, il y a aussi des fois où on n’a pas de façon simple et intelligente de parler, même pas enfouie au fond de soi, et on doit juste laborieusement essayer des formules, voir ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. Et dans ces cas là, ce qui fonctionne bien c’est d’emprunter les bonnes formules à d’autres. Vous imaginez bien que tout le problème est là : parfois il faut imiter, parfois il ne faut pas imiter. Et comme il n’y a pas de façon simple de trancher, ça prend du temps et du travail d’écrire quoi que ce soit de bon.
Conclusion :
Une très bonne année pour le blog anglais et pour mon travail de recherche ! J’ai un petit public sur le blog anglais et un petit public sur BlueSky et j’en suis très content. (Dans le rapport précédent je parlais de la destruction de la communauté philosophique de Twitter par Elon Musk - dans la mesure où il a détruit Tout Twitter - et je parlais donc de la migration vers BlueSky : il semblerait que la migration vers BlueSky se soit accomplie et qu’on ait réussi à sauver cette communauté universitaire ! Youpi !)
J’ai enfin trouvé une forme d’expression qui me convient pour mon enthousiasme envers la philosophie comme manière de vivre et pour les exercices philosophiques. En plus de cela, j’ai bon espoir de réussir à écrire des articles sur la façon de vivre les désaccords politiques en pleine conscience. Je gagne de plus en plus confiance en moi au fur et à mesure que ma relation à certains sujets devient de plus en plus claire, et que je trouve de meilleures façons (plus simples, plus motivantes) de m’exprimer.
Je ne sais pas ce que cette année 2025 me réserve mais j’espère seulement approfondir ces sujets. Je veux surtout me souvenir que les choses prennent le temps qu’il faut et que moi aussi je ne dois pas hésiter à prendre mon temps et à faire les choses bien.
(22/01/2025)
Pierrick Simon
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